Fête des mères – Petite méditation d’un professionnel de la naissance

J’ai la grande grâce depuis 30 ans d’être presque chaque jour de ma vie professionnelle, le témoin de ce moment si particulier, si intense, si dangereux parfois : ce moment où la femme devient mère.
Etre mère, c’est bien autre chose que d’accoucher. Avant, dans ces mois de lente maturation, dans ces années parfois où la femme sent monter en elle le désir d’enfant.

 

Après dans la découverte émerveillée de cette vie dont les femmes savent bien qu’elles seront changées pour le restant de leur existence. Pourtant, j’ai le sentiment que le moment de la naissance est un événement pascal, un baptême, dans lequel mort et vie sont très proches. Combien de femmes disent “je sens que je ne vais pas y arriver”, combien disent “je n’en peux plus”, “c’est trop dur”. Épreuve terrifiante parce que rien dans la vie de ces femmes ne les prépare à ce qui va se passer. Même la naissance d’un premier enfant ne permet pas de faire expérience à la naissance du suivant.

 

L’impression “de ce corps qui se déchire” sous la pression de cette vie qui vient, de ces heures si longues d’attente ou au contraire ce temps si bref “qu’on n’a pas le temps de s’y préparer”. Et puis cette explosion d’amour qui “tombe d’un coup” quand l’enfant paraît. “Je ne savais pas qu’il y avait autant d’amour en moi”. Ce moment de résurrection, de sortie du tombeau au soleil du printemps de Pâques quand Marie Madeleine a reconnu son Seigneur : “rabbouni”.

 

Beaucoup de femmes non croyantes m’ont raconté cette expérience de ce “quelque chose qui les dépasse”, “quelque chose de plus fort que moi” et “qui a fait de moi cette mère que la femme que j’étais n’aurait pas reconnue si elle l’avait rencontrée avant”…

 

Louange à toi Seigneur, du courage de ces femmes, de leur sourire fatigué, de leurs larmes de joie, je veux te rendre grâce. Donne-moi la force de continuer à les accompagner du mieux que je peux, dans l’infini respect, dans l’intelligence du cœur.

 

Benoit de Sarcus, diacre.