Actualités de nos paroisses d’Asnières-Centre

Le Père Maurice, relevé de tout ministère par notre évêque, Mgr Matthieu Rougé, a quitté nos deux paroisses d’Asnières-Centre. Un malheureux enchaînement de circonstances a fait que bien que cela ne soit pas prévu, Maurice lise une prière pour les victimes d’abus sexuel, pendant la messe télévisée du 24 octobre, alors qu’il avait été lui- même condamné pour atteinte sexuelle sur un mineur dans son diocèse de Nancy en 2008.

 

Dans le passé, Maurice, ayant reconnu la gravité de ce qu’il a commis, a fait acte de réparation auprès de la victime. Depuis, il a suivi des soins pendant 8 ans et entrepris un chemin de reconstruction. Dans son ancienne paroisse à Puteaux, de par sa présence pendant 9 ans, des femmes et des hommes ont pu rencontrer le Christ. Aucune plainte de quelqu’ordre n’a été reçue à l’évêché au sujet de Maurice, depuis son arrivée dans les Hauts-de-Seine, ni dans les paroisses d’Asnières Centre.

 

À Asnières, je n’ai connu Maurice que deux mois. Son repentir pour ses actes était réel et sincère, tout comme sa prière pour les victimes d’abus sexuels, son souhait pour que l’Église se réforme et se transforme afin de plus connaitre d’abus en son sein.

 

Une question demeure dans mon cœur, très liée à l’Évangile de Jésus-Christ : Jésus, lui qui a dit à la femme adultère : « va et ne pêche plus », aurait-il dit à Maurice aujourd’hui : Ne pêche plus et reste enfermé dans ton passé de prêtre ? »

 

Aujourd’hui je rencontre des paroissiens dont les réactions sont diverses :

  • certains disent que s’ils avaient connu le passé de Maurice, ils n’auraient pas voulu accepter l’exercice d’un ministère avec lui quel qu’il soit ;
  • d’autres parlent du risque que la paroisse a fait courir à leurs enfants alors quand bien même le ministère de Maurice était encadré selon les décisions prises par les autorités judiciaires de Metz et la Commission nationale d’expertise indépendante qui se prononce sur l’affectation possible des prêtres ayant exécuté leur peine ;
  • d’autres enfin témoignent qu’ils ont vraiment apprécié Maurice dans ses dialogues, ses homélies, son enseignement et regrettent qu’il soit exclu de tout ministère puisqu’il n’a commis aucune faute en lien avec son passé.

Alors maintenant, il peut nous paraitre difficile d’aimer l’Église faite de tous les baptisés avec leurs qualités et leurs péchés au point quelquefois de ne plus la comprendre et même d’être tenté de la déserter ; mais nous devons nous rappeler que c’est l’Esprit Saint qui l’a fait naître, qui l’accompagne, l’éclaire et la fortifie. Il nous revient de nous engager, dans la prière et dans l’action, à la rendre plus fidèle à l’Évangile, et tout d’abord dans nos communautés locales.

 

Maurice n’est plus à Asnières, et nous ne savons quel est son devenir. Avec les blessures liées à cet événement, c’est aussi un appauvrissement que nous vivons au sein de l’équipe des prêtres d’Asnières-Centre, même si le prêtre n’est pas le centre de la vie paroissiale. Aujourd’hui, je compte encore plus sur vous tous pour répondre au défi suivant que nous devons relever par notre prière et grâce à la miséricorde du Christ : comment allons-nous ensemble continuer de servir l’annonce de l’Évangile à Asnières ?

 

Père Didier Rapin
Curé