60 ans de vie d'Église
Si en effet je viens de fêter mes 50 ans d’ordination, en fait, étant entré au séminaire neuf ans plus tôt, ce sont près de 60 ans de la vie de l’Église en France dont je suis témoin. Six décades correspondant à l’après Concile (achevé en 1965).
Je voudrais faire mémoire de ce que nous avons vécu au cours de ces années, en évoquant plusieurs grands mouvements qui auront modelé notre vie chrétienne d’aujourd’hui.

D’abord, la liturgie. Il a fallu mettre en œuvre les réformes demandées par le Concile. J’aime dire : il a fallu réapprendre à célébrer. Il y a eu des recherches, des misères, des errements, certes - moi-même je ne me vante plus de quelques initiatives que j’ai pu promouvoir. Je crois que nous avons appris à vivre de belle façon la liturgie et je témoigne que les fidèles, au moins beaucoup d’entre eux, y sont entrés en profondeur. Le meilleur exemple n’est-il pas celui de nos offices de la Semaine sainte auxquels nous sommes tellement attachés ? Ce qui est vrai de la célébration eucharistique l’est aussi des autres sacrements, du baptême au mariage, et des funérailles.
Une des demandes du Concile était de restituer la place de la Parole de Dieu, Ancien et Nouveau Testament, dans la liturgie et dans la prière des fidèles : objectif toujours à poursuivre mais déjà bien entamé.
La seconde transformation est celle de la place des "fidèles laïcs" dans la vie de l’Église.
Certes, elle résulte pour une part du moindre nombre des prêtres, mais surtout, elle a permis aux laïcs d’apporter leur expérience et leur témoignage dans les grandes actions pastorales (liturgie, catéchèse des jeunes et des adultes, préparation des sacrements…). Et davantage, il faut considérer l’émergence de communautés, de groupes de prière, de cycles de formation, le plus souvent constitués à l’initiative de laïcs, qui ont proposé, inventé, mis en œuvre de nouvelles formes de spiritualité, d’apostolat, de service de la charité, de témoignage, réalisant ainsi un des grands appels du Concile : promouvoir la vocation des fidèles laïcs à la sainteté.
La troisième évolution serait la place que les évêques ont prise dans la vie de nos communautés. C’était une des requêtes du Concile, que les évêques soient plus présents dans la vie des fidèles. Ils l’ont fait, chacun avec son charisme propre. Nos diocèses ont pris corps quand précédemment les fidèles ne connaissaient guère que leur paroisse et leur curé.
Et comment ne pas se réjouir de la mondialisation de l’Église. Elle a grandi de façon fantastique en Afrique et en Asie tandis que nos communautés paroissiales sont transformées par l’apport de chrétiens de ces continents. L’Église est de plus en plus catholique !
Tout cela, nous l’avons fait, avec crainte et bonheur. J’en rends grâce. Que seront les 60 prochaines années ? Aux plus jeunes de l’inventer !